C’est la deuxième destination touristique préférée des Français, après les îles grecques. Il faut dire que les plages de Tunisie dévoilent de beaux atours aux voyageurs en quête de soleil et de voyage économique. Pourtant, derrière la carte postale séduisante vendue aux touristes, le secteur connaît une traversée du désert. Mais quels sont les problèmes du tourisme en Tunisie ?
Résumé
⚠️ Crises et image fragilisée
— Attentats de 2015 et pandémie : chute du nombre de visiteurs.
— En 2023, 9 millions de touristes, encore loin du niveau d’avant-crise.
— Contexte international incertain freinant la reprise.
🏖️ Un modèle à bout de souffle
— Dépendance au tourisme balnéaire de masse (Hammamet, Sousse, Djerba).
— Offres “tout inclus” peu rentables, pression écologique forte.
— Patrimoine et tourisme intérieur encore peu exploités.
🏛️ Gouvernance et emploi à repenser
— Investissements instables depuis 2011, manque de coordination.
— Peu de main-d’œuvre formée, emplois précaires.
— Absence d’un véritable organisme pour piloter la stratégie touristique.
🌿 Des atouts pour un avenir durable
— Potentiel du Sahara, des villages et du patrimoine culturel.
— Initiatives d’écotourisme et de maisons d’hôtes en développement.
— Projets comme MEET favorisent un tourisme plus local et responsable.
✅ En résumé
La Tunisie doit passer d’un tourisme de masse à un tourisme durable, valorisant culture, authenticité et hospitalité.
Un secteur fragilisé par les crises
Au cours de la dernière décennie, le tourisme en Tunisie a subi plusieurs chocs. Les attentats de Tunis en mars 2015, puis de Sousse en novembre de la même année ont durablement affecté l’image du pays auprès des visiteurs européens, en particulier des Français.
La pandémie de COVID-19 a porté une nouvelle estocade. Les interdictions successives de voyager ont entraîné une baisse drastique des réservations et mis de nombreux hôtels en difficulté. En 2023, le pays a accueilli plus de 9 millions de touristes. Un chiffre qui reste en dessous de la moyenne d’avant la crise sanitaire. Et le contexte international incertain ne risque pas de changer la donne.
La dépendance au balnéaire et le tourisme de masse
Cette succession de crises a mis en lumière la dépendance excessive du secteur aux fluctuations du monde. La Tunisie a longtemps misé sur une offre attractive : le balnéaire et les séjours à bas prix. Des milliers de lits ont fleuri dans les zones touristiques de Hammamet, Sousse, Monastir ou Djerba, privilégiant le tourisme de masse.
Cette stratégie a attiré des millions de touristes dans les années 1990 et 2000, mais elle montre aujourd’hui des limites : marges réduites pour les hôteliers, pression sur l’environnement et faible valorisation du patrimoine. Le modèle appelle à une réflexion plus large sur le développement du tourisme durable.
Une politique insuffisante et une gouvernance à repenser
La politique menée après la révolution de 2011 a souvent été jugée instable. Des investissements à la baisse ont laissé des projets inachevés. Les décisions prises par les autorités et l’ONTT (Office national du tourisme tunisien) ne collent pas toujours avec la réalité du terrain. Les problèmes du tourisme en Tunisie tiennent aussi au manque de main-d'œuvre qualifiée et à la précarité des emplois. La qualité de l’accueil en pâtit.
Face à cette situation, des experts du secteur plaident pour une réforme de fond. De nombreuse études publiées sur la plateforme OpenEdition soulignent la nécessité de moderniser la gouvernance, renforcer la compétitivité et la durabilité du tourisme tunisien. Il n’existe pas encore de DMO (Destination Management Organisation) pour piloter un projet commun entre acteurs publics et privés.
Des ressources pour un tourisme durable
Si le contexte reste fragile, la Tunisie dispose pourtant de nombreux atouts. L’intérieur du pays, le territoire du Sahara, le patrimoine culturel peuvent permettre de diversifier l’offre et d’aménager un tourisme plus respectueux des Tunisiens.
Certaines initiatives locales, soutenues par l’État ou par des partenaires internationaux, cherchent à promouvoir le tourisme culturel, l’écotourisme ou la valorisation des maisons d’hôtes. MEET (Mediterranean Experience of Ecotourism), par exemple, conçoit des séjours au plus près de la population locale, dans un cadre pittoresque. Mais le chemin semble long pour transformer l’image d’une destination encore réduite au tourisme de masse.